Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La Bastille

12 février 2006

Editorial N°1 Mars 2006

La Bastille-N°1 Mars 2006-
-Tous droits réservés-

Éditorial Mars 2006

Cher amis,
combien d'entre nous se demandent aujourd'hui à qui appartient vraiment le pouvoir? Au peuple, comme prétendait le souhaiter la Révolution Française? A leurs représentants (si il est encore convenable de les nommer ainsi), comme s'appliquent à nous le faire croire les ténors de la République?
La suprématie croissante de l'économique sur le politique, qui dissout et rend sans cesse plus vagues les instances vraiment garantes des prises de décisions, sert à la fois de prétexte et d'excuse à la faiblesse de nos hommes politiques. Frappés d'irresponsabilité dans des domaines toujours plus nombreux, ils pleurent sur leur impuissance politique, sur leur propre sort et surtout sur celui que pourrait leur infliger une population naturellement mécontente des circonstances.L'atmosphère générale qui en résulte donne l'impression que le pouvoir est nulle part, que la politique, dans un monde globalisé, se soumet irrésistiblement aux vents et aux tempêtes de la conjoncture économique, et qu'enfin, personne n'étant finalement responsable de rien, nul ne peut entraver cette tendance infernale. Par delà cette torpeur politique généralisée, surgissent pourtant, de temps à autres et comme par miracle, quelque débat que l'on proclame vite "passion" ou "émoi populaire" pour mieux cacher son origine savamment calculée. De là naissent ces "débats de société", ces "tendances actuelles", ces "vents de réforme" qui sortent de nulle part et qui pourtant se répandent si bien. Les moeurs font les lois pense-t-on, façonnons donc les esprits du plus grand nombre, le temps nécessaire pour juguler tout raisonnement critique. C'est ainsi qu'apparaissent, ça et là, et de manière plus ou moins récurrente selon les besoins de la cause, ces fameux "débats" de société, qui souvent ne portaient pas à discussion avant que le contraire n'en fut soudain décidé. La laïcité, l'avortement et la peine de mort ne sont que quelques exemples dans la longue liste des débats pré-conçus, impulsés dans l'arène publique au moment opportun, et dont on connaît à l'avance l'issue, c'est à dire en s'orientant toujours, comme si cela eût tenu d'un mouvement naturel ou d'un élan libre de l'opinion, vers un sens progressiste.
Car le progressisme, voilà l'ennemi. Au milieu de toutes les incertitudes, du chômage de masse à la crise des croyances collectives, de la montée de l'islamisme à la véritable ankylose politique face au fait économique, une vérité, imperturbable, impénétrable et cependant si bien imprégnée dans nos esprits s'impose à nous : nous sommes dans le progrès. Progrès de qui? Progrès de quoi? Personne ne saurait le définir au juste, c'est à dire sans avoir recours à des concepts généraux (l'homme, l'humanité, la liberté...) qui eux-mêmes nous renvoient à une foule de notions flatteuses pour l'esprit, mais qui s'avèrent trompeuses vis à vis d'une réalité qui est tout sauf en bonne voie. Pourtant, ce paradigme purement abstrait qu'est le progressisme, nous le portons en nous, non comme une croyance, mais comme une évidence, et, pire que cela, nous en sommes chaque jour les tributaires. Non seulement nos esprits ont été acquis à cette idée, cette idée pré-conçue qui devient notre idéal parfois inconscient, mais elle est devenue schème de perception, et par conséquent génératrice d'actions non voulues librement. Ainsi, sans le vouloir et sans même le savoir, nous actualisons au jour le jour cet absolu conçu par d'autres, et parfois même, abusés dans une crédulité qui en admet à tort le caractère naturel, nous y joignons notre idyllique consentement. Mais ne nous y trompons pas : le progressisme, ni même le Progrès ne sortent d'un quelconque naturel.
En marge des progrès particuliers, ceux d'ordre matériels ou techniques, trônerait un Progrès (avec un grand P), universel, commandant le cours de l'Histoire et lui offrant même sons sens. Ainsi l'ont décidé les acolytes de la pensée unique qui, détruisant tour à tour et avec une odieuse systématisation les piliers de la tradition, jettent la société civile toute entière dans l'inconnu et l'imprévisible en ne la faisant tenir que dans l'illusion de l'avancée, dans une véritable religion du progrès.
La recherche, légitime, des responsables de cette déontologie progressiste, qui fait de toute décadence morale une victoire, est peu triviale tant le phénomène est diffus, persistant, s'étalant même sur plusieurs siècles. Partout dans l'Histoire de France, du moins depuis la Révolution française, on décelle ces compères de l'immorale, qui agissent avec frénésie contre les derniers vestiges de ce qui pourrait sembler un tant soit peu traditionnel, mais rares sont les fois où nous percevons vraiment la force immonde qui leur infuse tant de zèle à accomplir cette tâche ingrate. Plus frappante encore est cette sorte de connivence qu'entretiennent les tenants de cet immoralisme progressiste, cette intelligence sournoise et cachée qui les rallie et qui, au delà de toutes les différences qu'ils contractent par ailleurs que ce soit dans la vie sociale ou dans le degré de responsabilités, forme un véritable groupe d'intérêt. Est-il pensable que de tels individus, mus par un objectif commun, celui d'imposer partout où ils sont influents le progressisme comme religion civile, se fédèrent en quelconque institution?
La France l'a hélas en partie enfantée, et lui a donnée un nom : la franc maçonnerie.

Publicité
Publicité
La Bastille
Publicité
Publicité